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Michiana Chronicles writers bring portraits of our life and times to the 88.1 WVPE airwaves every Friday at 7:45 am during Morning Edition and over the noon hour at 12:30 pm during Here and Now. Michiana Chronicles was first broadcast in October 2001. Contact the writers through their individual e-mails and thanks for listening!

Michiana Chronicles: Cathedrals of Ivy

François Guyonnet

I don’t see Notre Dame. I can’t see the flames. I see the caving spire, the collapsing roof, but I’m not shaken to my core. I can’t say I share my countrymen’s despair. I walked daily past the cathedral for three of the seven years I lived in Paris, and every day I marveled at her stubborn verticality, the Louise Bourgeois elegance of her buttresses, but most of all, I was astounded by her popularity; the eyes, voices, and hands that held and surrounded her. You’re a lucky one, I would tell her, and every day, from the Left Bank of the Seine River, I would blow her a kiss. I can’t see the flames, but I see the tears, I hear the incredulous crowd’s gasp, I hear the wailing of the fire engines. All I see is ivy.

We’re very lucky. Our buildings, not so much. I grew up in a region of France where architectural treasures and historical landmarks are so numerous. Year after year, several of them are left without a comprehensive healthcare policy while facing alone the damages caused by time, unfortunate city council decisions, and air pollution. Where I grew up – and I grew up in a restoration-prone region -- buildings deemed less worthy than others have learned the elegance of collapsing in silence. Deserted countryside churches, clusters of abandoned nineteenth century farm homes, washing places. Ivy is the first accidental flame. As a child, I saw ivy as a green flag, a sign that adults had walked away and that nature – snakes, bugs, and all – was taking over, a sign that read: adventurous children welcome. You hopped around the lying stones with friends and then, you designed a floor plan with a small bedroom, a tiny kitchen, and a large fireplace. You did not touch the ivy because it owned the building, you merely took stock at the battle between stone and ivy. You cheered for the standing stones until the very last. Ivy measured time. Sometimes, ivy was integrated to a larger, lived-in or cared-for structure, to emphasize the building’s rise from or resilience to entropy. Ivy was so much part of our life that I once erupted into the family kitchen dressed as an ivy-laden, talking ruin ready to hit the village carnival. My mother disapproved. And yet, she was the one who had bought a ruin with my father – two standing stone walls carrying two centenarian oak beams – that they turned into our family home after seven years of hard labor. Ivy and stone, stone and ivy were my backyard.

I cannot see the flames because all I see is the ivy. I am mesmerized by the tears. I too cheer for the firemen. I wince at the gaping roof, the rubbles where the altar stood. But I know there is more ivy than fire, more unacknowledged, national and international, historical and cultural landmarks than Notre Dame, more silence than tears and outrage. And so, I tell her from afar: here’s a band aid, Notre Dame, rise up. I blow her a kiss from my standing place. She catches it and answers: I know, you told me before, I’m a lucky one, I’m a standing one.

Anne Magnan Park is a literary translator and teaches English and French at Indiana University South Bend. She offers this in memory of her father, Jean Magnan, a construction foreman, who would have turned 78 today.

Music: Knud Viktor

CATHEDRALES DE LIERRE

Je ne vois pas Notre Dame. Je ne perçois pas les flammes. Je vois la flèche qui s’effondre, le plafond qui s’écroule. Je n’en suis pas dévastée pour autant. Je ne partage pas la détresse de mes compatriotes. Tous les jours, pendant trois des sept années que j’ai vécues à Paris, je passais devant la Cathédrale et, chaque jour, je m’émerveillais de sa verticalité obstinée, de l’élégance de ses contreforts – clin d’œil précoce à Louise Bourgeois – mais avant tout, j’étais subjuguée par sa popularité ; les regards, les voix, les mains qui la portaient, qui l’entouraient. Tu es une chanceuse, toi, lui-disais-je d’une voix riante, et chaque jour, de la Rive Gauche, je lui lançais un baiser. Je ne peux pas voir les flammes mais je perçois les larmes, j’entends les exclamations de la foule incrédule, j’entends les sirènes des camions de pompiers. Je ne vois rien sinon le lierre.

Nous avons beaucoup de chance. On ne peut pas en dire autant de notre patrimoine. J’ai vécu dans une région de France regorgeant de trésors architecturaux et de bâtiments historiques. Chaque année, plusieurs d’entre eux font face, sans le bénéfice d’une couverture sociale adéquate, aux outrages du temps, aux décisions malencontreuses d’un conseil d’administration, à la pollution. Là où j’ai grandi – et j’ai grandi dans une région favorable à la conservation de son patrimoine – les monuments les moins méritants connaissent l’élégance de s’effondrer en silence. Les églises de village désertées, les pâtés de maisons datant du XIXème siècle, les lavoirs. Le lierre est leur première flamme accidentelle. Lorsque j’étais enfant, le lierre faisait figure de feu vert, il nous signalait que les adultes avaient mis les voiles et que la nature – couleuvres et insectes de tout acabit – reprenait ses droits. Le lierre était une enseigne qui proclamait : Bienvenue aux petits aventuriers. On escaladait les pierres gisant sur le sol avec ses amis, on établissait le plan de notre maison : une petite chambre, une cuisine rikiki, et une immense cheminée. On ne touchait pas au lierre parce que l’édifice lui appartenait, on observait juste la bataille que se livraient lierre et pierre. On encourageait les pierres qui tenaient vaillamment debout, jusqu’à la dernière. Le lierre était notre unité de temps. Parfois, le lierre s’intégrait à des structures plus vastes, habitées et rénovées, comme pour souligner leur émergence digne d’un chaos feuilli, leur affront au pantin funeste de l’éboulis. Le lierre faisait à ce point partie de ma vie qu’à quelques jours d’un carnaval, j’ai déboulé dans la cuisine familiale déguisée en ruine parlante, tout échevelée de lierre. Ma mère n’a pas apprécié. Pourtant, n’avait-elle pas fait l’acquisition d’une ruine avec mon père – deux pans de mur portant deux poutres centenaires – pour en faire notre maison, après sept ans de dur labeur ? Pierre et lierre, lierre et pierre étaient mon terrain de jeux.

Non, je ne vois pas les flammes parce que je ne vois que le lierre. Je suis fascinée par les larmes. J’encourage les pompiers. Je tressaillis devant la toiture béante, les gravats où se tenait l’autel. Mais je sais qu’il y a plus de lierre que de flammes, plus de bâtiments historiques et culturels, nationaux et internationaux, non reconnus que de Notre Dame, plus de silence que de larmes et d’indignation. Alors, je lui dis de loin : Tiens, Notre Dame, voici un pansement, relève-toi. Je lui lance un baiser de ce lieu d’où je suis. Elle s’en sasit et me répond : Je sais, tu me l’as déjà dit, je suis une chanceuse, moi, une de celles qui s’éteint encore debout.

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